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Tumeurs gynécologiques

Nouvelles indications du T-DXd dans le BC, aucun bénéfice de l’atézolizumab dans l’OC

Les résultats de l’étude DESTINY-Breast06 soutiennent le trastuzumab déruxtécan en première ou deuxième ligne de traitement du cancer du sein (BC) HR+, HER2-(ultra)low. Dans l’étude multicohorte EV-202, l’enfortumab vedotin a montré une activité antitumorale chez des patient·es atteint·es de cancer du sein, mais n’a pas permis d’atteindre les valeurs cibles fixées. Dans une étude intéressante, bien que négative, menée chez des patient·es atteint·es d’un cancer de l’ovaire (OC) en rechute et résistant au platine, l’atézolizumab n’a permis aucun succès thérapeutique supplémentaire par rapport au paclitaxel ou à la doxorubicine liposomale pégylée plus bévacizumab.

Cancer du sein: le trastuzumab déruxtécan est efficace en cas d’expression HER2-ultralow

Dans le cas des tumeurs HER2-négatives, l’immunohistochimie révèle une expression faible d’HER2 (HER2-low, IHC 1+ ou IHC 2+/ISH-) chez environ 60 à 65% des patient·es et une expression ultrafaible d’HER2 (HER2-ultralow, IHC 0, coloration membranaire pour ≤10% des cellules tumorales) chez 20 à 25%. Dans l’étude de phase III randomisée, en ouvert DESTINY-Breast06, 866 patient·es atteint·es d’un cancer du sein métastatique à récepteurs hormonaux positifs (HR+), HER2-low ou HER2-ultralow et naïf·ves de chimiothérapie ont été traité·es par le trastuzumab déruxtécan (T-DXd) ou par une chimiothérapie au choix du médecin.1 Le critère d’évaluation primaire de l’étude était la survie sans progression (PFS).

Avec une durée de suivi médiane de 18,2 mois, la PFS médiane pour la population HER2-low était de 13,2 mois dans le bras sous T-DXd par rapport à 8,1 mois dans le bras de contrôle. Le risque de progression de la maladie ou de décès a été significativement réduit de 48% (HR: 0,62; IC à 95%: 0,51–0,74; p<0,0001). Des résultats comparables ont été observés dans la population en intention de traiter (ITT), avec une durée de suivi médiane de 13,2 mois par rapport à 8,1 mois et un rapport de risque de 0,63 (IC à 95%: 0,53–0,75; p<0,0001). Les résultats concernant la survie globale (OS) étaient encore précoces, mais la tendance montre un avantage du traitement par T-DXd avec un rapport de risque de 0,83 (IC à 95%: 0,66–1,05) pour la population HER2-low et de 0,81 (IC à 95%: 0,65–1,00) pour la population ITT. Après 12 mois, 87,6% par rapport à 81,7% (population HER2-low) et 87,0% par rapport à 81,1% (population ITT) des patient·es étaient vivant·es. La population HER2-ultralow a également plus bénéficié du T-DXd. La PFS médiane était de 13,2 par rapport à 8,3 mois (HR: 0,78; IC à 95%: 0,50–1,21) et le taux d’OS à 12 mois de 84,0% par rapport à 78,7% (HR: 0,75; IC à 95%: 0,43–1,29).

Une réponse confirmée a été observée chez 56,5% par rapport à 32,2% (HER2-low), 57,3% par rapport à 31,2% (ITT) et 61,8% par rapport à 26,3% (HER2-ultralow) des patient·es. La durée médiane de la réponse était de 14,1 mois par rapport à 8,6 mois, 14,3 mois par rapport à 8,6 mois et 14,3 mois par rapport à 14,1 mois. Avec une durée médiane sous traitement de 11,0 mois par rapport à 5,6 mois, les effets secondaires liés au traitement étaient plus fréquents sous T-DXd. 14,3% par rapport à 9,4% des patient·es ont interrompu le traitement à l’étude en raison d’effets secondaires liés au traitement.

Conclusion: Les résultats de l’étude DESTINY-Breast06 soutiennent le T-DXd en première ou deuxième ligne de traitement du cancer du sein métastatique HR+, HER2-low et HER2-ultralow, après le traitement endocrinien.

Cancer de l’ovaire: aucun bénéfice de l’atézolizumab par rapport à la chimiothérapie sans platine plus bévacizumab

Les inhibiteurs de points de contrôle démontrent uniquement une activité limitée en monothérapie dans le cancer de l’ovaire en rechute. L’ajout d’atézolizumab au paclitaxel ou à la doxorubicine liposomale pégylée (PLD) plus bévacizumab n’a pas non plus été un succès dans l’étude de phase III contrôlée par placebo AGO-OVAR 2.29/ENGOT-ov34.2 574 patientes ont été randomisées pour recevoir la monochimiothérapie plus bévacizumab plus soit l’atézolizumab soit un placebo. Les critères d’évaluation primaires de l’étude étaient la survie globale (OS) et la survie sans progression (PFS).

Les patientes avaient un âge médian de 62 ans et avaient reçu 1 à 2 (63,3%) ou 3 (36,4%) lignes de traitement. La chimiothérapie utilisée était la PLD pour 46% et le paclitaxel pour 54% d’entre elles. 40,8% des patientes avaient reçu un inhibiteur de la PARP avant l’inclusion dans l’étude, 72,5% avaient déjà été prétraitées par le bévacizumab.

La PFS médiane était de 6,4 mois dans le bras sous atézolizumab par rapport à 6,7 mois dans le bras sous placebo. Avec un rapport de risque de 0,87 (IC à 95%: 0,73–1,04), la différence entre les courbes de Kaplan-Meier n’était pas significative (p=0,12). Avec une durée de suivi médiane de 26,9 mois, le rapport de risque pour l’OS était de 0,83 (IC à 95%: 0,68–1,01; p=0,06). En médiane, les patientes ont vécu 14,2 mois par rapport à 13,0 mois, et 31% par rapport à 23% étaient en vie à 24 mois. La tendance à l’allongement de l’OS a été observée indépendamment du statut PD-L1. Des analyses exploratoires post-hoc ont mis en évidence un meilleur bénéfice chez les patientes ayant reçu un traitement antérieur par le bévacizumab (HR: 0,74; IC à 95%: 0,59–93) et chez celles recevant du paclitaxel (HR: 0,75; IC à 95%: 0,57–0,98). 39,6% des patientes du bras sous atézolizumab ont répondu au médicament à l’étude par rapport à 43,5% dans le bras sous placebo. La durée de la réponse était de 8,6 mois par rapport à 6,1 mois. Aucun nouveau signal de sécurité n’a été observé.

Conclusion: Chez les patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire en rechute, l’ajout d’atézolizumab à une chimiothérapie sans platine plus bévacizumab n’a prolongé de manière significative ni la PFS ni l’OS.

Cancer du sein:

activité antitumorale modérée sous enfortumab vedotin

La nectine-4 est exprimée dans diverses tumeurs solides et constitue donc une cible potentielle pour les thérapies ciblées. L’enfortumab vedotin, un conjugué anticorps-médicament (ADC) ciblant la nectine-4, a été évalué dans le cadre d’une étude de phase II multicohorte, en ouvert portant sur des tumeurs solides localement avancées ou métastatiques, y compris le cancer du sein HR+/HER2– et le cancer du sein triple négatif (TNBC).3 Le critère d’évaluation primaire était le taux de réponse objective (ORR) selon le compte-rendu de l’investigateur.

L’étude EV-202 a porté sur des patient·es atteint·es d’un cancer du sein qui avaient déjà été prétraité·es par des taxanes ou des anthracyclines et avaient reçu 1 à 2 lignes de traitement cytotoxique pour le stade localement avancé ou métastatique. L’effet antitumoral a été jugé prometteur pour les deux cohortes de cancer du sein lorsqu’au moins 12 patient·es sur 40 présentant un HR+/HER– ou 10 patient·es sur 40 présentant un TNBC ont obtenu une réponse. Finalement, 45 et 42 patient·es ont pu être traité·es par l’enfortumab vedotin dans l’étude EV-202, dont 34 et 35 patient·es respectivement présentaient une expression élevée de nectine-4.


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Dr méd. Khalil Zaman

Les dernières nouveautés dans le cancer du sein

DESTINY-Breast06: le T-DXd aussi dans le BC métastatique HER2-(ultra)low, HR+ – Post-MONARCH: après un inhibiteur des CDK4/6 dans le CB métastatique, à nouveau un inhibiteur des CDK4/6? – et bien plus encore.

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7 (15,6%; HR+/HER2–) et 8 (19,0%; TNBC) patient·es ont répondu au traitement, le taux de contrôle de la maladie étant respectivement de 51,1 et 57,1%. La durée de la réponse a été de 7,23 et 3,78 mois, respectivement. La réponse s’est avérée indépendante de l’expression de la nectine-4 dans les deux cohortes de cancer du sein. La survie sans progression (PFS) médiane était de 5,39 (IC à 95%: 3,35–5,68) et 3,52 mois (IC à 95%: 2,10–4,63), l’OS médiane de 19,75 (IC à 95%: 12,81 à non atteint) et 12,91 mois (10,28 à non atteint). Le traitement a été généralement bien toléré. Chez 33,3% et 28,6% des patient·es, respectivement, les effets secondaires liés au traitement ont nécessité une réduction de la dose et 5 (11,1%) et 0 patient·es ont arrêté le traitement en raison d’effets secondaires liés au traitement. Les effets secondaires fréquents étaient des réactions cutanées, une neuropathie périphérique et une hyperglycémie.

Conclusion: L’enfortumab vedotin montre une activité antitumorale dans le cancer du sein HR+/HER2– et triple négatif, mais la valeur limite d’ORR préspécifiée n’a pas été atteinte, malgré une forte expression de la nectine-4. Les effets secondaires étaient gérables et cohérents avec les autres études.

ASCO Annual Meeting 2024, du 31 mai au 4 juin 2024, Chicago, IL, États-Unis, et en ligne

1 Curgliano G et al.: Trastuzumab deruxtecan (T-DXd) vs physician’s choice of chemotherapy (TPC) in patients (pts) with hormone receptor-positive (HR+), human epidermal growth factor receptor 2 (HER2)-low or HER2-ultralow metastatic breast cancer (mBC) with prior endocrine therapy (ET): primary results from DESTINY-Breast06 (DB-06). ASCO 2024; Abstr. #LBA1000 2 Marmé F et al.: Atezolizumab versus placebo in combination with bevacizumab and non-platinum-based chemotherapy in recurrent ovarian cancer: final overall and progression-free survival results from the AGO-OVAR 2.29/ENGOT-ov34 study. ASCO 2024; Abstr. #LBA5501 3 Giordano A et al.: Enfortumab vedotin (EV) in triple-negative breast cancer (TNBC) and HR+/HER2- breast cancer (BC) cohorts of EV-202. ASCO 2024; Abstr. #1005

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