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Néphrologie

Meilleure fonction de la greffe après un don de rein vivant

De nombreux arguments plaident en faveur du don de rein provenant d’un donneur vivant: humains, fonctionnels et économiques, comme l’a indiqué le Prof. Dr méd. Jürg Steiger, médecin-chef en néphrologie à l’Hôpital universitaire de Bâle. Mais sa présentation à la digital medArt basel.20 a également été centrée sur les conséquences pour les donneurs.

L’introduction au thème du don de rein vivant a débuté par un plaidoyer de l’intervenant, le Prof. Dr méd. Jürg Steiger. Lequel a déclaré: «Il n’est pas de plus grand cadeau que de donner une partie de son organisme à une autre personne pour qu’elle puisse vivre plus longtemps et avec une meilleure qualité.» Cependant, le don de rein provenant d’un donneur vivant est pertinent non seulement d’un point de vue humain, mais aussi sur le plan économique. Une greffe de rein permet d’économiser environ 500000 francs suisses de frais de santé par rapport au traitement de substitution rénale. De plus, les greffes de reins provenant de donneurs vivants survivent beaucoup plus longtemps que celles de donneurs décédés. Le fait que la transplantation soit compatible ou incompatible avec le groupe sanguin est sans importance: les taux de survie des greffes des deux procédures sont désormais comparables.

On estime que la moitié des greffes du rein pratiquées à l’Hôpital universitaire de Bâle proviennent d’un donneur vivant; en Suisse, ce chiffre est d’environ 40%. Il est intéressant de noter que les femmes, qui représentent les deux tiers de toutes les transplantations, donnent particulièrement souvent un rein. Les hommes en bénéficient dans deux tiers des cas.

Quelles sont les conséquences de l’intervention pour le donneur?

De nombreux donneurs s’inquiètent des conséquences du don de rein vivant sur leur propre santé. Une étude du Registre suisse des donneurs vivants (Swiss Organ Living-Donor Health Registry, SOL-DHR)1, qui stratifie les futurs donneurs en fonction de leur débit de filtration glomérulaire (DFG), a montré qu’après l’ablation d’un rein, le DFG a diminué d’environ 15–30% dans les différents groupes et est resté stable au cours de la période d’observation suivante de 24 ans. Ceci était également valable pour les personnes dont la fonction rénale était déjà légèrement altérée avant le don. Les valeurs de pression artérielle systolique et les cas d’albuminurie légère ont légèrement augmenté chez les donneurs pendant la période d’observation de 24 ans. Les valeurs de pression artérielle diastolique sont toutefois restées inchangées.

Plus de 85% des donneurs ont déclaré se sentir en bonne forme physique lors de l’enquête post-opératoire régulière. Environ 95% ont jugé leur état de santé bon à excellent. Seuls 2,8% ont répondu non à la question de savoir si, rétrospectivement, ils donneraient à nouveau leur rein. «Il s’agit généralement de personnes qui ont subi des complications postopératoires ou pour lesquelles la greffe n’a pas bien fonctionné chez le receveur», a déclaré le Prof. Steiger.

Suivi tout au long de la vie

Les examens en vue d’effectuer un don de rein de son vivant sont relativement simples et peuvent être réalisés en dehors des centres de transplantation (Tab. 1). L’Hôpital universitaire de Bâle fournit une check-list des examens nécessaires. Toutefois, le suivi présente certaines spécificités. Depuis 1993, toutes les personnes ayant fait un don d’organe dans l’un des six centres de transplantation suisses sont incluses dans la SOL-DHR. Le législateur exige que les donneurs de rein vivants bénéficient d’un suivi tout au long de leur vie. Les contrôles réguliers sont organisés par la SOL-DHR, mais peuvent également être effectués chez le médecin de premier recours, le néphrologue ou dans l’un des centres de transplantation. Un aspect important du suivi est le traitement antihypertenseur systématique par inhibiteurs de l’ECA et inhibiteurs des récepteurs AT-II chez les personnes qui développent une hypertension artérielle après un don de rein.

Tab. 1: Examens nécessaires pour un don de son vivant

Il n’y a pas de limite d’âge pour le don d’un rein de son vivant. Toutefois, l’âge a une grande influence sur le succès de l’intervention, tant pour le donneur que pour le receveur.

Ainsi, la convalescence des personnes âgées est plus longue et le taux de complications plus élevé. «Des informations complètes sur le processus de don, les conséquences possibles de l’intervention, le suivi et les chances que le rein fonctionne chez le receveur sont d’une grande importance, en effet, les donneurs sont des personnes en bonne santé», a déclaré J. Steiger. La brochure suisse sur les donneurs vivants du SOL-DHR peut être utilisée à titre d’information complémentaire.2

Questions et réponses lors du chat en direct avec le Prof. Jürg Steiger

Les reins sont-ils principalement donnés au sein de la famille?

J. Steiger: En Suisse, une proximité affective est souhaitée, mais non obligatoire. Il s’agit de rendre possible les dons d’organes vivants dits croisés. Effectivement, la plupart des dons ont lieu au sein de la famille. Dans environ 30 à 40% des cas, les donneurs de rein vivants sont des conjoints ou des partenaires, dans environ 30% des cas des parents et dans environ 20% des cas des frères et sœurs. Selon la loi, toute personne majeure peut faire don d’un rein.

L’ablation du rein peut dans certains cas entraîner une insuffisance rénale. Cela augmente-t-il le risque cardiovasculaire des donneurs?

J. Steiger: Cette question fait l’objet de nombreuses discussions. Nous pensons que ce n’est pas le cas. En effet, les personnes concernées ne souffrent pas d’une affection rénale, mais perdent une partie de leur fonction rénale en donnant un rein. On le constate également par le fait que le DFG diminue après le don d’un rein et reste constant pendant de nombreuses années. Les directives KDIGO de l’International Society of Nephrology ne sont donc pas applicables à ces personnes.

Les personnes ayant des antécédents tels que l’hypertension artérielle ou le diabète peuvent-elles donner un rein?

J. Steiger: Chez les personnes souffrant d’hypertension artérielle, l’âge joue également un rôle important. En général, les personnes dont la pression artérielle est bien stabilisée grâce à un traitement antihypertenseur sont autorisées à donner un rein. Un homme de 40 ans qui présente déjà des complications secondaires telles qu’une cardiomyopathie hypertrophique suite à une hypertension artérielle ne serait pas accepté comme donneur, alors qu’un homme de 70 ans le serait. Le diabète, en revanche, est une contre-indication absolue pour un don de rein vivant.

digital medArt basel.20, 7 et 8 mai 2020

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